Les différents traitements pour une bruyère de qualité
Pourquoi appliquer un traitement à la bruyère ?
Le traitement de la bruyère avant sa transformation en pipes est crucial pour garantir la qualité et la durabilité des pipes. La bruyère contient des impuretés naturelles, des résines et de la sève qui peuvent altérer le goût du tabac, voir compromettre la structure du bois. Les différentes techniques de traitement visent à éliminer ces impuretés, stabiliser le bois et améliorer ses propriétés fonctionnelles en d’autres mots rendre la bruyère plus résistante à la chaleur et garantit un goût qui ne soit altérer pas les impuretés du bois. Dans cet article nous allons voir les principaux traitements appliqués à la bruyère : ébullition à l’eau, séchage à l'air, séchage au four et traitement à l'huile.
L’ébullition à l’eau
Ce traitement est réalisé par la scierie après le débitage des broussins de bruyère.
Faire bouillir la bruyère dans l'eau est une technique qui consiste à immerger les blocs de bruyère dans de grandes cuves d'eau bouillante pendant plusieurs heures. Ce traitement permet d'éliminer les résines, la sève et autres impuretés présentes dans le bois ce qui est crucial pour éviter les goûts désagréables lorsque la pipe est fumée pour la première fois. Ce processus remplace ces impuretés par de l'eau, stabilisant ainsi la structure du bois.
Cela assure une meilleure durabilité et longévité des pipes fabriquées à partir de ces blocs.
Les pipes issues de bruyère bien traitée offrent une meilleure expérience de fumage, avec moins de risques de goûts indésirables et une durabilité accrue. Il appartiendra ensuite aux fabricants qu’il soit artisanal ou industriel de respecter une longue période de séchage. Ils pourront ainsi garantir des produits de bonne qualité, bien évidemment appréciés par les fumeurs de pipe.
Séchage à l’air
Le séchage à l'air est l'une des méthodes les plus traditionnelles et respectées pour préparer la bruyère avant sa transformation en pipes. Cette technique, bien que longue et coûteuse du fait de l’immobilisation d’une grande quantité d’ébauchons, est prisée pour sa capacité à produire un bois de bonne qualité, stable et prêt à offrir une expérience de fumage optimale.
Le séchage à l'air consiste à laisser les blocs de bruyère sécher naturellement pendant plusieurs années. Ce processus permet à l'humidité et aux impuretés résiduelles de s'évaporer progressivement, stabilisant ainsi le bois et améliorant ses propriétés.
Les blocs pour le stockage sont placés sur des grilles dans un environnement bien ventilé. Ils doivent être retournés régulièrement pour assurer un séchage uniforme et pour éviter les moisissures.
Le séchage à l'air devrait à minima durer de 18 mois en fonction des conditions environnementales mais bien entendu plus celui-ci sera long et meilleur sera l’évolution de la bruyère.
Le principal inconvénient du séchage à l'air est sa durée. Le processus peut immobiliser le capital pendant plusieurs années, ce qui peut être coûteux pour les fabricants. De plus, il nécessite des espaces de stockage bien ventilés.
Séchage au four
Il consiste à placer les blocs de bruyère dans un four ou un séchoir industriel où ils sont exposés à une chaleur contrôlée pendant une période déterminée. Ce processus vise à éliminer rapidement l'humidité résiduelle du bois.
Le séchage au four est une technique moderne utilisée par certains fabricants de pipes pour accélérer le processus de préparation de la bruyère. Cette méthode, qui utilise la chaleur artificielle pour réduire l'humidité du bois, est appréciée pour sa rapidité et son efficacité. La température et l'humidité à l'intérieur du four sont régulées pour assurer un séchage uniforme des blocs.
Le principal avantage du séchage au four est la rapidité du processus. Contrairement au séchage à l'air, qui peut prendre plusieurs années, le séchage au four peut être complété en quelques jours à quelques semaines. Il permet également un contrôle précis de la température et de l'humidité.
La méthode reste cependant controversée : si les pipes produites avec cette méthode peuvent être mises sur le marché plus rapidement, répondant ainsi à la demande, la perception de la qualité des pipes séchées au four varie, certains fumeurs préférant les pipes séchées à l'air pour leur saveur et leur durabilité supérieures.
Traitement à l’huile (oil curing)
Le traitement des têtes de pipes consiste à les immerger dans un bain d'huile, généralement d'huile d'olive, pour éliminer toutes les impuretés présentes dans la bruyère. Ce procédé est censé apporter une saveur de noisette très appréciée des fumeurs de pipes.
Cependant, cette méthode présente un inconvénient majeur. Si la bruyère ne respecte pas un temps de séchage suffisamment long, la chaleur dégagée par la combustion du tabac provoque l'exsudation de l'huile lors du fumage. Cette exsudation donne un mauvais goût, rendant l'expérience de fumage désagréable.
Alfred Dunhill, fabricant de pipes à tabac, a également breveté en 1913 un procédé innovant de séchage et de finition des pipes en bruyère. Ce procédé utilisait une plaque chauffante munie de buses (en cuivre) pour chauffer uniformément les bols des pipes. L'appareil, doté de brûleurs à gaz, permettait de maintenir une température contrôlée. Sous l’effet de la chaleur, l'huile exsudait du bol des pipes, entraînant avec elle la sève, les résines et autres impuretés, améliorant ainsi la qualité et les propriétés de fumage des pipes. Ce système innovant assurait une finition supérieure, rendant chaque pipe prête pour une utilisation immédiate, tout en conservant ses qualités gustatives optimales et une bruyère de qualité résistant parfaitement à la chaleur.
Cette méthode de traitement a été arrêté dans les années 1980 par Dunhill mais certainement reprise par des artisans tant les qualités de la bruyère ravissaient les papilles de nombreux fumeurs de pipes la faisaient résister à la chaleur.
Le prix d’une pipe en bruyère est donc influencé par la méthode de traitement de la bruyère et de son séchage. Chaque étape du processus, du choix du bois à la finition, et de la renommée de l’artiste contribue à la valeur finale de la pipe, et permettent de justifier des variations significatives de prix.
Mais ça c’est une autre histoire …